Un jour, ils se sont présentés à la mairie de Bègles. Le maire, Noël Mamère, s'était engagé à célébrer un mariage homosexuel. Ils étaient candidats. Pas vraiment conscients de l'enjeu politique. Pas militants pour deux sous. Juste deux gars, Stéphane Chapin, aide-soignant de 34 ans, et Bertrand Charpentier, magasinier, de trois ans son cadet, qui expliquent alors simplement leur envie de noces officielles : «Les gens qui s'aiment se marient. Dans nos familles, c'est ce que tout le monde fait.» Entre l'annonce du mariage et la cérémonie, ils ont joué à cache-cache avec les caméras. Ont été planqués à Marseille ou dans les Landes, avec la complicité de l'écolo Sergio Coronado qui veillait sur eux. Le jour J, le 5 juin 2004, ils sont arrivés en Rolls-Royce. L'un en redingote ivoire et jabot brodé de rose, l'autre en costume gris à fines rayures. Il y avait un vin d'honneur, des grains de riz rose. Et des dizaines de télés. Stéphane et Bertrand se donnaient du «mon mari» avec délectation. Ceux qui avaient participé à cette première regardaient avec circonspection ce couple «ordinaire». «Ce n'était pas un couple idéal, ils n'avaient pas de discours rodé, ce n'étaient pas des militants, ça nous échappait, se souvient le juriste Daniel Borrillo. Mais c'était comme ça, il n'y a pas eu de casting, c'était la vie, la preuve que la société civile pouvait s'emparer du dossier.» Aux dernières nouvelles, Stéphane et Bertrand sont toujours ensem
Stéphane et Bertrand deux bagues à Bègles
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par Charlotte Rotman
publié le 28 janvier 2013 à 22h37
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