Que ces marches sont hautes, et ce pied énervant, à faire sa vie de son côté ! Tu vas obéir, bordel ? Marion Larat boite d’un pas décidé, les jambes en bataille, mais le buste en avant. Ce jour-là, sur les marches du centre culturel et social, un bel et sombre inconnu lui tape dans l’œil. Elle le suit dans le hall jusqu’à ce que l’homme, coincé, se sente obligé d’engager la conversation. Il est professeur d’arts plastiques et donne ici des cours de photo. Cela peut-il l’intéresser ? La matière enseignée, moyen. Le corps enseignant, en revanche… Elle lui confie sa passion pour l’image et s’inscrit à la formation. Marion et Charles sont ensemble depuis un an. Des hauts faits comme celui-ci, cette femme de 25 ans, handicapée à 65%, en accomplit à la pelle. Invitée à déjeuner avec François Hollande, elle lui annonce qu’elle aussi pourrait bien devenir président de la République. Ou, au lendemain de son accident vasculaire cérébral, elle dit «dégage» à son amoureux d’alors qui lui avouait, pas finaud, rester avec elle «par devoir».
Marion Larat est trop inflammable pour qu'on puisse ne pas l'entendre. Ce qu'elle a subi lui donne tous les droits. Elle les prend, bravache. Ironise : «Je me suis toujours engagée sur tous les fronts. Là, voyez, j'en ai trouvé un.» Derrière les manifestations de soutien ad hoc, les dents grincent. La pasionaria à «la haine grandissante» dérange. Elle irrite les médecins ayant prescrit des pilules de