Depuis 1953, une enquête à grande échelle sonde à intervalle régulier les attentes, les préoccupations, les espérances, les habitudes et le comportement social des Allemands âgés de 12 à 25 ans. La dernière étude, réalisée en 2010, porte sur la politique (l’intérêt pour la politique est en légère augmentation), l’engagement social (en augmentation, notamment envers les plus âgés), la globalisation (généralement perçue de façon plutôt positive), l’optimisme (en hausse), la religion (facteur négligeable), les valeurs (les jeunes sont pragmatiques, mais pas dociles), et la famille (valeur refuge). Mathias Albert, sociologue à l’université de Bielefeld, coauteur de l’étude (1), détaille la réalité ou l’absence de sentiment européen chez ses jeunes compatriotes.
Quel intérêt portent aujourd’hui les jeunes Allemands à l’Europe ?
Traditionnellement, on peut dire que le sujet de l’unité européenne ne les intéresse pas beaucoup. Spontanément, ils ne citent pas l’UE comme l’un des sujets qui les intéressent. Mais si on leur demande de façon ciblée ce qu’ils en pensent, on voit que l’image de l’Union européenne est plutôt positive, et on ne note aucune montée du scepticisme au cours des dernières années, malgré les crises financières et de l’euro. C’est comme si elles n’avaient pas d’effet. C’est vraiment un trait spécifique de la jeunesse allemande par rapport aux jeunes des autres pays de l’UE. Ailleurs en Europe, on voit augmenter le scepticisme des jeunes vis-à-vis de l’Union depuis 2008.
Comment expliquez-vous cela ?
Même s’ils voient qu’il y a des problèmes, les jeunes Alleman