Il peut, parfois, y avoir un problème de traduction, des difficultés à se comprendre quand une frontière, géographique ou générationnelle, sépare les interlocuteurs. En installant des jeunes de 17 à 30 ans, quand on n'a pas encore totalement rompu avec l'insouciance, aux côtés de personnalités aguerries au débat, Libération a pris un risque.
Mais fallait-il parler des jeunes ou faire parler les jeunes ? Nous avons choisi de donner la parole à cette génération qui demande à être prise en compte sans avoir en ligne de mire la révolution ou le grand soir. Il faut peut-être les excuser d’avoir des rêves raisonnables ou à portée de vie quand les générations précédentes guettaient des «lendemains qui chantent» tournant trop souvent à la cacophonie.
Eco-schizophrénie
La parole, les uns et les autres l’ont prise. Avec véhémence ou discrétion, ils ont fait part de leur expérience, de leur colère et de leurs espoirs. Un peu à la manière d’Oxmo Puccino, embarrassé d’avoir à expliquer son engagement comme ambassadeur de l’Unicef, ils ont parfois tourné autour des mots. Pour le rappeur trentenaire, avoir à dire comment on passe de paroles posées sur de la musique à un discours sur les valeurs paraît presque impossible. Son engagement se trouve tout entier dans les textes de ses chansons. Que faut-il retenir de Jimi Hendrix martyrisant sa guitare pour transformer l’hymne américain en sinistre bombardement en piqué du Nord-Vietnam ? Sa musique et rien d’autre. Discourir n’est pas son truc, alors il c