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Libération

«L’Eglise réfléchit à la diversité des familles»

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Véronique Margron, sœur, professeure de théologie :
publié le 3 février 2013 à 22h26

Véronique Margron est sœur dominicaine et professeure de théologie morale à l’Université catholique de l’Ouest. Elle décrypte la position de l’Eglise, alors que des dizaines de milliers d’opposants au mariage pour tous ont manifesté samedi dans toute la France.

Au Portugal, lors du vote, en 2010, de la loi ouvrant le mariage aux personnes de même sexe, l’Eglise n’a pas manifesté. Pourquoi y a-t-il une «résistance» en France ?

En France, l’Eglise catholique, qui s’est familiarisée avec les règles de la laïcité, a une tradition intellectuelle. Elle sait bien qu’elle n’est pas majoritaire, mais a compris que sa place était aussi de se situer dans le débat public, pour dire ses convictions et même espérer influencer le cours des choses.

Mais pourquoi une telle sensibilité à ce sujet ?

En France, le mariage religieux ne peut être célébré sans que les époux ne soient mariés civilement. Cette réalité rend l’Eglise catholique très attentive à l’évolution de l’institution du mariage civil. Elle ne le confond pas avec le mariage religieux. Mais il y a une cohérence de l’un avec l’autre, si l’on enlève la dimension croyante du mariage religieux. Nous retrouvons - dans les deux cas - le lien entre la relation entre pairs - fidélité, soutien mutuel - et l’organisation de la filiation. Quoi qu’il en soit ensuite des histoires singulières. Cette question se croise avec ce que dit l’Eglise catholique sur l’homosexualité, qu’elle ne peut considérer comme une sexualité identique à l’hétérosexualité. Ceci a des répercussions jusque dans l’accueil au séminaire, pour devenir prêtre, d’où sont exclus les jeunes homosexuels. Pour finir, il y a une dimension politique conjoncturelle. Dans ce débat, les évêques fr