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Portrait

Une vie liée aux «gamins» en rupture

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Grande figure du militantisme en Seine-Saint-Denis, Gérard Pringault, qui a créé les foyers Concorde d’accueil de mineurs, passe le relais.
(Photo Laurent Troude)
publié le 3 février 2013 à 20h56
(mis à jour le 4 février 2013 à 13h13)

«Attention, ce n'était pas le paradis terrestre tous les jours !» Au bout d'une bonne heure il était temps de le préciser, car, à écouter le tout récent retraité Gérard Pringault dérouler sa vie, on finissait par y voir un chemin de roses, et non plus quarante-cinq ans au service des mineurs en difficulté qu'il accepte de relater dans Libération. Mais cette grande figure du militantisme en Seine-Saint-Denis, le département le plus pauvre de France, est ainsi : il déteste le misérabilisme. A peu près autant que la démagogie et la soumission aux ordres, ce qui n'est pas le moindre des paradoxes pour un homme dont la mission a été d'apprendre à des jeunes en rupture avec la société à se conformer à des règles. «Un haut fonctionnaire m'a reproché de travailler de façon sauvage et atypique. Je lui ai répondu qu'il était très typique», sourit ce quasi septuagénaire qui s'étonne d'avoir «des collègues avec des cravates».

Il reste un fond de 1968, mais mâtiné de réalisme, derrière ce visage si opposé à l'idée d'autorité. C'est dans la fièvre de mai que ce fils d'enseignant et de mère au foyer a découvert le militantisme et l'envie de s'ouvrir aux mal-nantis. A la faveur d'une mission ouverte aux bénévoles par le ministère de la Justice, il découvre le travail au contact des mineurs en souffrance. Ce sera sa vie. Il ne se l'explique pas vraiment : «Peut-être seulement par goût pour l'attention aux autres, et parce qu'on peut résoudre t