A 21 ans, Guan Zhen Tan, en deuxième année à Sciences-Po, sait parfaitement ce qu'il veut faire plus tard : «Après mes études, je veux rentrer en Malaisie, d'où je suis originaire, et me lancer dans la politique. C'est le moment des changements là-bas : pendant longtemps, il n'y avait qu'un seul parti. Aujourd'hui, de nouveaux se créent et ils recrutent des jeunes.»
En arrivant sur le campus du Havre - l'un des six que Sciences-Po Paris possède en régions -, spécialisé sur l'Asie, Guan Zhen parlait un français rudimentaire. En quelques semaines, il est devenu à l'aise. Outre le malais et le mandarin - une des langues officielles de Singapour où il a vécu dix ans -, il parle anglais, appris au lycée international de Kuala Lumpur, et se débrouille en japonais. Parti à l'automne 2010 faire des études universitaires au Japon, il a vécu, six mois plus tard, le séisme et la catastrophe nucléaire de Fukushima. «Je ne voulais pas rester, explique-t-il, un ami français m'a alors parlé de Sciences-Po et j'ai accroché. La vie est ainsi faite d'opportunités.» Pour mettre toutes les chances de son côté, cet étudiant souriant, dont le père dirige une usine Nissan à Kuala Lumpur, la capitale malaise, a postulé pour le double diplôme, très recherché, Sciences-Po - Columbia. Accepté, après deux ans au Havre, il partira en septembre pour deux autres années à l'université de New York. A cette idée, ses yeux brillent.
Le tout nouveau bâtiment de Sciences-Po au Havre, gr