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Libération
EDITORIAL

Intérêts

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publié le 24 février 2013 à 22h26

Le divorce leur était promis dès le premier jour de leur union. Entre le socialiste jouant sur l’aile droite et l’indépendantiste supposée laxiste, cette mésalliance gouvernementale ne pouvait être source que d’un affrontement dont le ministre de la police sortirait, à coup sûr, vainqueur. Ainsi devait perdurer cette prédominance de l’Intérieur sur la Justice, telle que Nicolas Sarkozy l’avait incarnée jusqu’à la caricature, opposant en son temps des magistrats forcément irresponsables à les policiers forcément irréprochables. Seulement, depuis neuf mois, le couple Valls-Taubira a su éviter l’écueil. Le premier, qui, comme ses prédécesseurs, pratique la cogestion de son ministère avec les syndicats de policiers, n’empiète pas vraiment sur les plates-bandes de la seconde. Laquelle bénéficie de la bienveillance des milieux judiciaires et de l’aura que lui ont conférée les derniers débats parlementaires. Mais les semaines qui viennent, avec l’ouverture des discussions sur la réforme pénale, diront si cette entente avait une véritable cohérence politique ou si elle était de simple façade. La sortie de Valls contre la dépénalisation des délits routiers a laissé apparaître quelques tensions, sans susciter toutefois le moindre éclat de voix de Taubira. Car, au-delà de leurs divergences politiques et techniques, il appartient aux ministres de faire fonctionner deux institutions essentielles et naturellement liées. L’enjeu est capital, car une politique de sécurité ne peut sérieuseme