C'est une confidence que Stéphane Hessel avait faite à Libération à l'été 2006. A la question «Quel est le travail le plus étrange que vous ayez fait ?» il avait répondu : «Venir en aide à des clandestins qui avaient besoin d'être régularisés.» Survenu tardivement dans sa vie, alors qu'il avait 79 ans et une immense carrière derrière lui, l'épisode des sans-papiers de l'église Saint-Bernard, en 1996, a marqué le début de la notoriété publique de Stéphane Hessel.
Etrange comme ce bras de fer de plus d’un an avec le gouvernement de droite - conclu par l’irruption violente des CRS pour déloger les occupants de l’église, que Libé immortalise alors en une (photo ci-contre) - résonne fortement avec la situation actuelle.
Membre du collège des médiateurs, aux côtés d’Edgar Morin, Paul Ricœur, Germaine Tillion ou Raymond Aubrac, Stéphane Hessel s’est battu pour un examen «au cas par cas» au lieu de la régularisation globale des sans-papiers que l’extrême gauche réclamait. Pendant des mois, il a été omniprésent sur le terrain, depuis les réunions de familles jusqu’aux estrades pour interpeller le gouvernement Juppé, toujours d’une voix posée à laquelle les médias sont vite devenus accrocs. «Derrière lui s’est organisée la résistance à des législations toujours plus restrictives. J’ai toujours été étonné par la combativité d’un homme de son âge», explique Henri Coindé, ancien curé de Saint-Bernard (lire ci-dessous).
De fait, la lutte