«Oui, oui, un petit livre, c'est bien», répond, l'air facétieux, le vieux monsieur à la voix flûtée. Cet automne 2009, il veut bien que soit travaillé puis édité le discours qu'il a prononcé au printemps sur le plateau des Glières. Devant une tasse de thé, dans le salon d'un tout petit appartement du XIVe arrondissement de Paris, l'éditrice montpelliéraine qui le visite découvre un Stéphane Hessel «rieur, presque joueur». «Amusé» en tout cas à l'idée de prêcher à nouveau auprès de jeunes gens «l'indignation» qui, dit-il, a été le premier moteur de son entrée dans la Résistance. C'est Sylvie Crossman qui parle alors d'un «livre». Stéphane Hessel reprend le mot, mais il ne se figure pas bien encore l'objet. Il se contente pour l'heure de causer dans un magnétophone et d'en recevoir les transcriptions par la poste, – «il n'a pas de mail, bien sûr», sourit son éditrice et désormais amie. Il ne découvrira les 28 pages en question qu'un an plus tard, le 3 octobre 2010, lorsque des visiteurs de la cité du Livre d'Aix-en-Provence lui tendent pour dédicace l'ouvrage qu'il n'avait encore jamais eu en main. Et pour cause, le fascicule est encore à l'imprimerie. Les organisateurs de la manifestation en ont juste obtenu un tirage spécial anticipé pour l'occasion.
«Me voilà homme public, ce que je n'avais jamais été auparavant.» En route vers l'Italie six mois plus tard, le même Stéphane Hessel est toujours comme éb