Parfois, elle se demande à quoi ressemblerait sa vie si elle avait grandi ailleurs. Emilie Martin a poussé dans le Pays basque, dans la province de Soule, au pied des Pyrénées. Elle ne se sent pas un chouïa française, ni même européenne, mais basque avec un grand «B». C’est même toute sa vie. Le jour, la nuit, elle milite pour la cause basque. Tout comme sa sœur, la désormais célèbre Aurore Martin.
Pour l'étranger qui débarque dans le Petit Bayonne, comptez quelques minutes d'acclimatation. Au Café des Pyrénées, l'un des repaires, on parle cette drôle de langue où le «oui» sonne Baï et où les Egun on qui veulent dire «bonjour» résonnent toutes les trois minutes. Ici, tout le monde se connaît. Le Pays basque est un village de 2,8 millions d'habitants. La girouette pointe Bayonne pour le Grand Nord. Le Sud, c'est de l'autre côté de la frontière, pour qualifier les quatre provinces basques en territoire espagnol. Voilà pour la mise au point. Emilie Martin est un brin de fille de 27 ans, avec une frange bien nette, un large choix de barrettes à l'arrière pour relever ses cheveux teintés d'un blond vénitien. Cette fan inconditionnelle de Miyazaki a un air de princesse manga croisé avec Amélie Poulain. La frimousse est souriante, «pétillante» disent ses cops. A la fois douce mais capable, au moindre mot de travers, de fusiller du regard.
Elle taxe une clope. A bas les bonnes résolutions de début d'année. Pas vraiment en confiance, elle dévisage. D'habitude