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Libération

Nom d’un chien

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publié le 1er mars 2013 à 19h06

Ce chien en a (du chien). C’est lui qui nous regarde plus que nous qui le voyons. Un œil en biais qui nous regarde en coin, de travers. Cette diagonale instille un début d’inquiétude. Elle rappelle que tout animal domestique ne l’est que provisoirement et que, sous le civilisé, rôde le sauvage. Certes, les occurrences sont rares d’un canari tueur ou d’un poisson rouge submergé par un devenir piranha. Mais les chiens, par contre…

Il n’est pas nécessaire de vivre à la campagne pour savoir que la moindre randonnée est aux aguets d’un aboiement et qu’un chien de ferme peut muter en chien des Baskerville. De même en ville, où on vécut le drame d’un chihuahua congestionné par des heures de no-pipi en appartement et qui, à l’instant où son maître rentra à pas d’heure et, il est vrai, à quatre pattes, lui attaqua la narine gauche.

Avoir un chihuahua dans le nez n’est pas une bonne idée. Faire aveuglément confiance à l’a priori bon toutou de ce portrait serait une autre erreur. A quoi songe-t-il ? A nous séduire, guigner la caresse ou nous mordre les mollets ? Mais, au fait, est-il forcément un mâle ? C’est une singularité des chiens : tant qu’on ne se penche pas sous eux pour vérifier, il est difficile de savoir si on a affaire à Kiki ou à Mirza. Il est même des cas où les noms de chiens sont d’autant plus de faux amis qu’on ne leur a pas demandé leur avis pour les leur attribuer : Altesse, par exemple, qu’on a connu pour désigner un braque allemand pas commode qui n’avait rien d’une