A chacun son eldorado. Les déplacements planétaires de populations sont l'objet de savantes recherches économiques, géographiques, climatiques, quand il ne s'agit pas de suivre les chemins empruntés par les réfugiés politiques de régimes totalitaires. Une matière humaine difficile à étudier, car elle change au gré de facteurs inattendus, mais surtout parce qu'elle donne aux racistes de tout poil maintes occasions de déformer la réalité, jouant avec la peur de l'invasion, celles de pseudo-barbares nourris de sournoises intentions contre de pseudo-civilisés. D'autres observateurs sont aussi bien placés pour juger de ces situations. L'écrivain, et surtout l'auteur de polar, possède ce privilège d'énoncer et, parlant de crimes et de répression, de dénoncer ce qui se passe chez lui. Arnaldur Indridason, auteur de romans noirs souvent primés, fait partie de cette catégorie de «sociologues malgré eux». Bientôt, la société islandaise n'aura plus de secrets pour nous tant il nous en apprend sur les mœurs de ce petit peuple cloîtré dans son île. Hiver arctique (Métailié, 2009), par exemple, en dit long sur une immigration que l'on n'imaginait pas sous cette latitude : l'Islandais va souvent chercher une épouse en Thaïlande. A elle ensuite d'apprendre à vivre des mois glacés sans lumière et contre des habitants hostiles à sa présence et à ses enfants au sang mêlé. «Le film policier est le mélo pour les hommes», disait Truffaut. Le livre policier, le miroir des hommes.
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