«Le vrai contrôle d'identité, c'est quand ils te demandent tes papiers. Le faux, c'est quand ils t'emmènent dans un coin sombre, et te demandent de vider tes poches. Si tu n'as pas d'argent dans tes poches, ils te demandent où tu habites, et c'est chez toi qu'ils volent», racontent Mohammad Kamrul, Abul Bashar, et Abu Nasser Siddique, vendeurs de roses bangladais. Le procureur de la République de Lille, Frédéric Fèvre, a obtenu le placement en détention hier soir de deux membres de la police aux frontières (PAF) qui auraient racketté des vendeurs pendant près d'un an. Les deux hommes, un adjoint de sécurité de 24 ans et un gardien de la paix de 36 ans, ont été mis en examen pour «extorsion de fonds, violences aggravées, et atteinte arbitraire à la liberté».
Mohammad Kamrul détaille : «C'était sur le parking du théâtre Sébastopol, à Lille. Ils m'ont fouillé, ils ont trouvé 7 euros dans ma poche, ils m'ont dit : "Où tu dors ?" "Where do you sleep ?"» Il refuse de répondre. Les policiers le font alors monter dans leur voiture. «Je pensais qu'ils me conduisaient au commissariat, mais non, ils se sont éloignés de la ville. J'ai commencé à avoir peur. Ils se sont arrêtés au bout de vingt minutes, dans la campagne, il n'y avait personne. L'un des deux m'a donné des gifles, cinq en tout. Ils ont gardé mes 40 roses.» Il a fait à pied la vingtaine de kilomètres qui le séparaient de Lille. Vingt jours plus tard, son œil est encore rouge.