L’affaire avait ouvert presque tous les JT de la fin 2002 : la chaîne de restauration Buffalo Grill, comptant 260 restaurants, vendait de la viande frauduleusement importée de Grande-Bretagne et susceptible d’entraîner la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Panique sanitaire, dégringolade boursière, et à la tête de l’offensive judiciaire : Marie-Odile Bertella-Geffroy. Hier le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) devait trancher la question de son maintien au poste de juge d’instruction au pôle de santé publique de Paris (la décision du CSM n’était pas encore parvenue à l’heure du bouclage du journal).
Onze ans plus tard donc, le dossier Buffalo Grill (sur)vit toujours mais concentre à peu près tous les ingrédients reprochés à un magistrat et, plus largement, à la justice en matière de santé publique : lenteur et inefficacité. La société Buffalo Grill existe encore, après avoir plusieurs fois changé de main, mais rien ne prouve qu’elle a vendu de la viande de vache folle, tout au plus sont soupçonnés quelques trafics en matière de traçabilité de la marchandise, notamment l’écoulement dans une dizaine de restaurants d’un stock de viande anglaise acheté juste avant le début de l’embargo, en mars 1996. Après onze ans d’enquête le bilan est maigre.
Retraite. Flairant la fin de règne de la juge Bertella-Geffroy, certaines de ses «victimes» veulent régler leurs comptes : ainsi Daniel Batailler, l'ancien chef des achats de Districoupe, une filial