Ils l'ont d'abord regardée avec une curiosité bienveillante, eux qui n'attendaient pas cette femme-là à ce poste-ci. Ils ont ensuite ovationné ses discours. Désormais, ces magistrats ou avocats qui espéraient tant d'un gouvernement de gauche sont impatients, parfois inquiets. «Elle aura laissé son nom sur une loi instaurant le mariage homosexuel. Mais, sur la justice, qu'aura-t-elle changé ? Derrière les paroles de Taubira, qu'est-ce qu'il y a ?» s'interroge un haut magistrat. Dont la dureté des propos est à la mesure de l'intérêt suscité par l'arrivée de Christiane Taubira, il y a neuf mois, Place Vendôme. «Elle a fait naître énormément d'espoir, elle s'est imprégnée du sujet avec une incroyable rapidité, témoigne Catherine Sultan, juge des enfants et membre de l'Association des magistrats de la jeunesse et de la famille. Maintenant, nous attendons avec impatience que les mesures se concrétisent.»
L'avocat Alain Mikowski, du Conseil national du barreau, va un peu plus loin : «L'impatience est largement partagée, on ne voudrait pas la voir transformée en défection…»
«Plomb». Avec sa personnalité et ses convictions bien trempées - limiter le recours à la prison, redonner sa spécificité à la justice des mineurs -, la garde des Sceaux a redonné à sa fonction l'autorité qu'elle avait perdue pendant le quinquennat Sarkozy, face à un ministère de l'Intérieur tout-puissant. A nouveau, magistrats et avocats se s