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TRIBUNE

«La Bohème», encore une tragédie

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par Mark Dybul, Directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme et Lucica Ditiu, Secrétaire exécutive du partenariat Halte à la tuberculose
publié le 26 mars 2013 à 21h26
(mis à jour le 27 mars 2013 à 16h29)

Depuis plus d'un siècle, la Bohème, cet opéra de Puccini qui a pour décor le Paris du Montparnasse de 1830, suscite une émotion sans cesse renouvelée avec une Mimi superbe de beauté qui meurt à la fin du quatrième tableau, victime de la tuberculose. Les années ont passé, la médecine progresse et heureusement, depuis les années 50, les spectateurs peuvent rentrer chez eux sans s'inquiéter de contracter eux-mêmes une maladie qui ne constitue plus une menace réelle à Paris, Milan, Vienne ou New York.

Pourtant, aujourd'hui, la tragédie du dernier acte de la Bohème est une réalité quotidienne dans de trop nombreux pays comme l'Afrique du Sud, l'Inde, l'Indonésie, la Russie, la Chine, ou encore le Brésil. En fait, presque partout dans le monde. Près de 9 millions de personnes souffraient de la tuberculose en 2011, environ 3 millions de malades porteurs de la bactérie n'étaient pas diagnostiqués et donc pas soignés. En moyenne, chacun de ces malades peut en infecter 15 autres en une seule année. La maladie a tué 1,4 million de personnes en 2011. Pire encore, nous assistons depuis quelque temps à l'apparition de nouvelles souches qui résistent aux antibiotiques et pour lesquelles les traitements ne sont pas encore au point. La tuberculose «multirésistante» se développe lorsque les patients ne suivent pas le traitement jusqu'au bout, soit pendant un minimum de six mois, et font une rechute peu après l'arrêt des médicaments.

Environ 20 % des patients ayant été traités