On est le 6 mai 2016 et les portes de la prison de la Santé s'ouvrent à grand battant pour laisser passer l'ancien président qui vient de faire neuf mois de détention provisoire pour «abus de faiblesse» envers Liliane Bettencourt. Et surtout pour avoir, façon Mike Tyson, bouffé l'oreille du peu comestible juge Gentil… Un petit homme replet, au pas onctueux de moine bouddhiste en lévitation, s'avance délicatement sur le macadam. Le voûté de la silhouette ne rappelle en rien le spasmodique hystérique et les boucles grisonnantes ont viré au blanc écumant. Si ce n'était le logo NYPD qui zèbre le tee-shirt gris, personne ne reconnaîtrait Nicolas Sarkozy sous les traits de ce chanoine vieillissant au rictus extatique.
Tout à coup, quelques notes tintent dans l'air printanier et une éternelle jeune femme à la splendeur remixée, s'avance, guitare à la hanche. Vêtue d'un drôle de tricot rayé bleu et blanc, plus bagnard échappé d'Alcatraz que moussaillon querelleur à la Gaultier, elle susurre : «Mon Raymond, il est canon / C'est de la bombe atomique / Quand il déboule, nom de nom / L'air en devient électrique.» Dressant l'oreille, le Sarko nouveau pose son sac Ikea bleu roi d'où s'échappent ses frusques mal blanchies et fait «non, non» du menton quand il entend sa bohémienne chic insister : «Mon Raymond, c'est lui, le patron / C'est lui qui tient la boutique.» Il se laisse entraîner sous le chapiteau dressé à la hâte et baptisé à la diable : «Ici, mieux qu'en