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Libération

La science confuse des citoyens et des politiques

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Ebranlée par les catastrophes nucléaires ou les OGM, la confiance populaire dans les innovations relève des gouvernants plus que des scientifiques.
publié le 28 mars 2013 à 19h06

Peut-on - mais surtout faut-il - rétablir la «confiance des citoyens envers la science», puisque telle est la formulation de la question par les responsables politiques inquiets de voir telle technologie ou telle exploitation des ressources naturelles se heurter au refus des populations ? Qui refusent d’intégrer à leur réflexion ce résultat pourtant classique de la sociologie (Daniel Boy, Cevipof) : la confiance populaire envers les technologies est indexée sur celle envers les gouvernements, les élus et le système politique… aujourd’hui au plus bas.

La réponse la plus logique est négative. Il ne faut pas rétablir cette confiance en une «madame la science» allégorique qui serait utilisée pour faire passer la pilule de n’importe quelle innovation technologique et ses applications industrielles ou agricoles. Bref, l’idée que le progrès des connaissances et les évolutions techniques qu’ils permettent sont systématiquement porteurs de progrès social et humain. C’est pourtant le raisonnement qui sous-tend le crédit d’impôt recherche avec lequel l’UMP et le Parti socialiste prétendent soutenir par les deniers publics toute recherche réalisée par une entreprise privée, sans aucun examen de l’intérêt social de l’innovation mise sur le marché.

Collapsus. La raison première et suffisante de cette méfiance est simple : l'histoire fournit de nombreux exemples d'innovations aux conséquences négatives, et pas uniquement parce qu'elles ont été mal utilis