Chez Jacqueline et Jean Dils, chaque mur, chaque étagère portent une réalisation de leur fils Patrick. «Tout cela, il l'a fait en cellule», dit le père. Maquettes, peintures, reliures de livres, pieds de lampe. Une maison musée dédiée à Patrick Dils, 28 ans, emprisonné depuis l'âge de 16 ans. […] Mais chez les Dils, ce qui attire irrésistiblement l'œil, c'est la baie vitrée. Derrière les rideaux, un talus haut de six à huit mètres au flanc touffu, cachant toute autre vue. En haut du remblai, sur les voies de garage de la gare de triage de Metz, on a retrouvé le 28 septembre 1986 les corps d'Alexandre Beckrich et de Cyril Beining, 8 ans, têtes écrasées à coups de pierres. Six mois plus tard, Patrick Dils avoue, puis se rétracte. Le 27 janvier 1989, la cour d'assises de la Moselle, siégeant à huis clos, fait de Dils le plus jeune condamné à perpétuité de France. Jacqueline et Jean Dils ont toujours été persuadés de l'innocence de leur fils. Dix ans plus tard, à Montigny-lès-Metz, dans la banlieue messine, la rumeur enfle, portée par les titres des magazines. «Erreur judiciaire», «Un innocent condamné à la place d'un serial killer», «Heaulme est le vrai coupable».
A l'origine, un fait exceptionnel dans les annales judiciaires : la commission de révision des condamnations pénales, composée de magistrats de la Cour de cassation, a décidé de rouvrir l'enquête. Le 30 novembre, elle a donné mission à l'un de ses membres, Jean Favard, d'étudier si un «fait nouveau» e