L'adolescent se tait obstinément. La juge : «Vous vous moquez de la justice ?» L'ado : «Je ne me moque pas de vous, madame.» La juge, à bout : «Je vous parle de la justice.» «Alors elle, je ne la connais pas.» C'est l'un des récits que la juge des enfants Catherine Sultan relate dans son livre, qui sort aujourd'hui, Je ne parlerai qu'à ma juge (1). C'est aussi une anecdote révélatrice : derrière la justice des mineurs, si décriée pour son supposé laxisme ces dernières années, il y a des juges, avec leurs hésitations et leur propre passé, il est des enfants, aux histoires individuelles, graves ou touchantes, et la justice au quotidien est faite des liens qu'ils tissent.
«Grands et musclés»
Avec son livre, Catherine Sultan a voulu «lutter contre la contamination des esprits par certains préjugés». Nicolas Sarkozy avait fait du «jeune» l'une de ses figures dangereuses favorites, contre laquelle il avait fait voter sept lois en cinq ans… Aujourd'hui encore, la droite se déchaîne chaque fois que Christiane Taubira rappelle qu'elle supprimera les tribunaux correctionnels pour mineurs créés par l'ex-président, lors de la loi sur la justice des mineurs qu'elle veut faire voter avant la fin de l'année.
«Les enfants d'aujourd'hui ne sont plus ceux d'après la guerre : regardez comme ils sont grands et musclés !» disait Sarkozy pour prouver qu'il fallait aligner leur justice sur celle des adultes. «Souven