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Libération
Récit

«On mélange toutes les violences scolaires»

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Des collégiens jouaient au «petit pont massacreur».
publié le 10 avril 2013 à 20h56

«Six copains de cinquième sont arrivés dans mon bureau, le parquet me demande de les mettre en examen pour "violences scolaires". Ils ont désobéi au règlement de leur collège et se sont livrés à une partie de "petit pont massacreur", un jeu violent : celui qui laisse passer le ballon entre ses jambes reçoit un coup de tous les autres joueurs. Ce jour-là, la partie se finit mal, un joueur tombe et sa tête heurte le sol. Il finit à l'hôpital, en sort heureusement sans dommages.

«Mais ces dernières années le regard des adultes sur la jeunesse, et sur sa violence en particulier, a changé. Ce qui aurait dû se régler dans le cadre scolaire, grâce à un travail pédagogique, finit dans le bureau d’un juge comme s’il était le seul à pouvoir signifier la loi. Comme si, entre la famille et la justice, il n’y avait plus d’institution pour régler un problème de discipline. L’interdit n’est pas le monopole du juge.

«Cette affaire montre aussi les dérives des "affaires signalées" : la "violence à l'école" faisait alors partie des priorités du gouvernement et les parquets devaient montrer la plus grande sévérité à leur égard. Or, quand on parle de violences scolaires, on mélange tout : un jeu qui tourne mal ou l'élève qui pénètre dans l'école avec un couteau, où l'intervention du juge est pleinement justifiée. Toutes sont comptabilisées dans les statistiques et aggravent la perception de l'insécurité scolaire.

«En ce qui concerne nos collégiens, je les ai ent