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Libération
TRIBUNE

L’impossible institution juive

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par Pascal Bacqué, Poète
publié le 15 avril 2013 à 19h06

Les juifs sortent d'Egypte ; avec eux, une tourbe nombreuse se presse. Prestige d'une sortie somptueuse : on s'agrège, on s'appuie sur la puissance nouvelle. Las ! Cette tourbe, ce sera celle, dit le Talmud, qui fabriquera le veau d'or ; ce sera celle, à tout âge, qui fera le malheur d'Israël - je parle du peuple d'Israël, bien sûr. En hébreu, cela s'appelle le erev rav. Quelques millénaires passent. On est au XVIIIe siècle. La puissance juive, sinon dans les fantasmes des haineux, n'a pas pris corps ; du moins, pas la puissance politique. Ce jour-là, un très grand maître, le dernier en date, peut-être, des très grands, écrit de sa plume si brève une de ses remarques sur la Torah. Sur le erev rav, le Gaon de Vilna écrit ceci, seulement ceci : «Ce sont les chefs de communauté.»

Communauté, conseil représentatif, chef, rabbin, grand rabbin… Tous ces termes, qui jouent un si grand rôle, sinon dans la vie juive, du moins dans la relation que les non-juifs entretiennent avec elle, tous ces termes, il faut enfin le faire savoir à l’occasion d’un jour où, autour d’un scandale, leur pusillanimité, leur stupéfiante maladresse éclate, sont l’antithèse même de l’être juif.

Le rabbinat, le consistoire, le Crif sont des inventions de la laïcité occidentale ; en l’espèce, de Napoléon, puis de l’après-guerre. La laïcité occidentale, décidant de régler le problème religieux et/ou communautaire, se repère aux institutions religieuses et/ou communa