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Libération
TRIBUNE

Les complices de l’imposteur

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par René Lévy, Philosophe
publié le 15 avril 2013 à 19h06

Il n'est plus guère ici le lieu de nous étendre sur la double imposture de Gilles Bernheim ; il a pris congé. Fait remarquable cependant : ceux qu'il a plagiés sont, pour la plupart, des auteurs catholiques. Son judaïsme de bon aloi n'était qu'un christianisme de bon ton. L'honneur a voulu qu'il démissionnât. L'homme, s'il s'en est fallu de peu, s'est ressaisi, préférant «l'orgueil à l'humilité». Saluons-le. Hommage aussi aux rabbins, aux présidents de communauté qui, sensibles au déshonneur dont tous nous étions frappés, n'ont pas cédé.

Que n’a-t-on pas entendu ! Qu’à force d’humilité, il fallait surmonter l’épreuve du déshonneur ! Qu’à force d’humilité, il fallait, en dépit des turpitudes, garder son rang ! Monstrueuse rhétorique, soufflée par un esprit vil à un esprit faible. Non, l’homme ne saurait, sans trahir son essence, préférer les honneurs. Il y eut pire que l’imposteur, ce furent ses complices de l’ombre. Ceux-là firent tout, osèrent tout pour qu’il tienne la place, coûte que coûte : son imposture ? Une maladresse humaine ! Son obstination et son amour du rang ? De l’humilité ! Et ces autres, silencieux, invisibles, du consistoire et d’ailleurs ! Ceux-là ne se sont pas repentis. Quand donc, des uns et des autres, tous pourvus de titres comme autant de masques, dira-t-on les prévarications, les trafics d’influence, le chantage et les menaces ? Quand dira-t-on les innombrables scandales étouffés, petits et grands, sans que la presse juive, étrangement aphone