Claude Evin a 63 ans. Ancien éducateur, ancien député socialiste de Loire-Atlantique, ancien ministre de la Santé sous Rocard, ancien avocat, ancien président de la Fédération hospitalière de France, il est depuis trois ans à la tête de l’agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France. C’est-à-dire qu’il gère, en direct, plus de 20% de la santé du pays, aussi bien les hôpitaux que la médecine de ville. Il a aussi en charge les programmes de santé publique de cette région de 11,7 millions d’habitants. Il est une sorte de ministre de la Santé bis, avec des questions délicates à résoudre : l’Ile-de-France est en effet la région la plus favorisée en termes d’indicateurs de santé, mais aussi la plus inégalitaire.
Claude Evin a un emploi du temps chargé. Surtout, il sait la difficulté à faire avancer le mammouth hospitalier tant les résistances, les lourdeurs, les inquiétudes sont nombreuses. Sa façon de travailler ? Lui qui, au début de sa carrière, pouvait passer pour un idéologue est devenu pragmatique. Il le reconnaît : «Je suis là pour que les choses marchent mieux. En matière de santé, on a un vrai problème de bonne gestion et aussi d'inégalités : l'accès aux soins, c'est ce qui est primordial.» Voilà sa feuille de route. Un exemple : la réforme des gardes de nuit en chirurgie. A son arrivée à l'ARS, il y avait en Ile-de-France plus de 80 services de chirurgie de garde la nuit, avec tout ce que cela comporte comme personnel. «Nous avions des chirurgiens mobilisé