«La vraie rupture avec Nicolas Sarkozy, c'est que l'immigration ne doit plus être un sujet majeur.» Cette confidence d'un haut fonctionnaire du ministère de l'Intérieur résume le sentiment partagé par de nombreux spécialistes du sujet (associatifs, chercheurs, élus) après un an de gestion de l'immigration par le gouvernement Ayrault. A-t-on entendu François Hollande sur le sujet ? Non. Jean-Marc Ayrault ? Une fois, embarrassé lors de la remise d'un rapport abrasif du conseiller d'Etat Thierry Tuot sur l'échec de la politique d'intégration en France (Libération du 8 février). Voilà pour le bilan famélique de l'exécutif. Thierry Mandon, porte-parole du groupe PS à l'Assemblée, confirme :«Pas une seule fois depuis les législatives nous n'avons parlé d'immigration lors de nos réunions de groupe.»
Manuel Valls, lui, a bien sûr été plus présent, naviguant entre ses propres convictions, résumées dès son arrivée par la formule «fermeté et humanisme» , et la ligne de l'Elysée, l'ensemble visant à «ramener la question migratoire à une place raisonnable dans le débat public», comme l'affirme un membre de son cabinet. De ce point de vue, le débat mercredi au Sénat a montré combien ce n'est plus un sujet clivant sur le plan politique. «Avant leur arrivée au pouvoir, Hollande, Ayrault et Valls trouvaient