«Claude Guéant fait son Cahuzac.» Emanant d'un des plus importants marchands de peinture ancienne à Paris, cette réflexion résume l'incrédulité du monde de l'art après les déclarations embarrassées de Claude Guéant pour expliquer la présence de 500 000 euros sur son compte bancaire par la vente de deux petites marines flamandes. L'ancien conseiller de Sarkozy a assuré avoir vendu en 2008 à un avocat malaisien deux petits formats d'Andries van Ertveelt, petit maître anversois du XVIIe siècle qui s'était fait une spécialité des orages en mer et des batailles navales. Van Dyck a laissé, vers le milieu du siècle, un portrait en grand habit de l'artiste devant une mer démontée, sous le nom de Van Ertvelt.
Seul problème : jamais ces oeuvres n'atteignent de tels montants. Le record a été atteint par une scène particulièrement spectaculaire, sa Bataille navale de Lépante de 90 cm sur 1,70 m, qui a été adjugée à près de 170 000 euros par Sotheby's à Amsterdam en 2010. Une peinture valant 250 000 euros serait considérée comme son chef-d'oeuvre absolu. Mais la défense de Guéant est d'autant plus difficile à croire qu'elle signifierait qu'il avait en main non pas un, mais deux chefs-d'oeuvre inégalables du peintre. La confusion est telle que l'intéressé a parlé de «deux toiles peintes sur bois», ce qui en dit long sur sa science de l'histoire de l'art. En fait, de son propre aveu, il s'agit de deux marines de 30 cm sur 60, dont la valeur normale pourrait s'élev