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Libération
Reportage

Une intégration tout en danseur

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Le chorégraphe Thierry Thieû Niang anime depuis la rentrée un atelier dans une classe de nouveaux arrivants, au collège Alfred-Sisley de L’Ile-Saint-Denis. Un programme de résidence d’artistes qui permet à de jeunes non francophones de s’exprimer.
publié le 3 mai 2013 à 19h06

«Tu te laisses tomber, il te ramasse, tu lui fais confiance… C’est bien, Emerson, les mains au mur, ce que tu trouves là, c’est beau… Maintenant, on travaille en miroir à deux, on fait les mêmes gestes, on n’est pas pareil mais quelque chose nous relie… Liza, sois forte face à Larbi… Changez de partenaire, parfois on n’invente plus lorsqu’on est trop longtemps avec le même. Surprenez-vous, surprenez-nous, voyagez, mélangez-vous… J’aime beaucoup ce que vous proposez aujourd’hui, comment vous bougez, comment vous occupez l’espace…»

Dans la salle multimédia du collège Alfred-Sisley de L’Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), le chorégraphe Thierry Thieû Niang ne parle pas à une troupe de danseurs, mais à des élèves. Et cela coule de source. Concentrés, attentifs à la moindre consigne, la quinzaine de collégiens bougent et s’élancent en silence, s’entrelacent puis se séparent, se donnent la main, se regardent puis se détournent, se soulèvent… Certains partent dans des danses mystérieuses, le corps tordu, puis tendu et immobile, comme en suspension. Tous appartiennent à la classe d’accueil du collège, destinée aux jeunes étrangers récemment arrivés en France. Agés de 12 à 16 ans, ils étaient scolarisés dans leurs pays, mais parlent peu ou pas du tout le français. Les plus avancés rejoignent en cours d’année une classe ordinaire du collège - à condition toutefois qu’il y ait de la place - mais la plupart y resteront toute l’année, avant d’intégrer un cursus classique. Le dép