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TRIBUNE

L’enseignement en anglais, c’est fromage et dessert

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L'université in english ?dossier
(Dessin Alain Brillon)
par Christian Lequesne, Directeur du Centre d'études et de recherches internationales (Ceri), professeur à Sciences-Po
publié le 6 mai 2013 à 19h16
(mis à jour le 7 mai 2013 à 13h08)

La polémique née du projet Fioraso autorisant les établissements français à enseigner dans une autre langue que le français semble nous avoir transportés sur la planète Mars. Au lieu de saluer un projet qui s’efforce de penser la réforme de l’université française par rapport au reste du monde, il est brandi une série d’arguments soit idéologiques, soit spécieux. Deux catégories d’opposants se trouvent réunies contre le projet d’introduire en fait l’anglais - appelons un chat un chat - comme langue d’enseignement à l’université française.

Il y a d'abord les hérauts du petit village gaulois qui sortent les glaives chaque fois que la France est interpellée par la mondialisation. Par mondialisation, entendez celle qui est imposée par la vilaine «anglo-saxonie» porteuse d'une domination vicieuse. Dans les arguments présentés par le député Pouria Amirshahi se trouve ainsi l'idée que la langue française doit rester l'arme d'un combat idéologique contre l'hégémonie américaine. La recherche francophone étoufferait «de la pression, quasi obligatoire, des revues anglophones». Si notre député appartient à l'aile gauche du Parti socialiste, son indignation ne manquera aucunement de faire vibrer aussi la droite la plus conservatrice.

La deuxième catégorie d'opposants se recrute dans un petit monde d'universitaires qui ne saurait imaginer que l'avenir de l'enseignement français puisse se jouer ailleurs qu'au Quartier latin.