L'esclavage est censé être aboli depuis 1848. Dans les textes. Mais dans les faits, c'est loin d'être le cas. En France perdure une de ses formes : le travail domestique forcé. Le Comité Contre l'Esclavage Moderne (CCEM) prend en charge ces victimes. Entretien avec sa présidente Sylvie O'Dy.
Aujourd’hui, l’esclavage est loin d’être terminé, et il prend même plusieurs formes. Lesquelles ?
L’esclavage existe toujours dans le monde entier. C’est un esclavage pour dettes par exemple, ou du travail forcé. En France, il y a aussi la traite sexuelle, qui passe généralement par des réseaux mafieux.
Quelle forme d’esclavage prenez-vous en charge, avec le CCEM ?
Nous nous occupons du travail forcé et surtout domestique. Nous ne prenons pas en charge l’esclavage lié à des réseaux, organisé, mais plus des victimes recrutées individuellement. Lorsque le CCEM a été créé, il y avait déjà des associations venant au secours des prostituées par exemple. Nous, nous avons donc décidé de prendre en charge les victimes dont personne ne s’occupait, celles que nous appelons «les invisibles de la République».
En quoi consiste cette sorte d’esclavage ?
Il s’agit de tâches ménagères lourdes, car ce ne sont pas des employeurs normaux. Ils vont par exemple demander à ce que l’appartement soit entièrement nettoyé tous les jours, ou que la lessive soit faite à la main. Aujourd’hui on a aussi affaire à de nouveaux cas de jeunes filles venues d’Afrique avec l’aide d’un passeur. Leur passeport leur ont été retiré. Elles sont prises en charge par des familles qui les exploitent pendant deux ou trois ans. Puis elles sont mises dans des voitures, emmen