«Dans cette crise, nous sommes les grands oubliés et les plus maltraités», dénonçait en janvier José Campos, secrétaire général de la branche enseignement du syndicat majoritaire CCOO. Il se faisait le porte-parole des 495 000 professeurs du secteur public, de primaire et de secondaire (682 000 enseignants si on inclut le privé). Parmi les cohortes d'indignados des marches de protestation, manifestants issus de l'éducation sont majoritaires. Le 10 mai à Madrid, ils ont encore répondu massivement à un appel contre les réductions budgétaires du ministre José Ignacio Wert.
Tout a commencé en juillet 2011 à Madrid après l'annonce de la suppression 3 000 postes d'intérimaires (en Espagne, les régions sont en charge de l'enseignement). Depuis, les manifestations se sont multipliées, à mesure que les coupes s'aggravaient : 6 milliards d'euros de dépenses publiques en moins en deux ans. Le nombre d'élèves par enseignant a augmenté, avec une baisse salariale de 7% pour les professeurs. La passion d'enseigner a-t-elle été émoussée ? «Oui, parce que les conditions de travail ont beaucoup empiré, raconte ce prof du collège Ramiro-de-Maeztu à Madrid. Avant, j'avais des classes de 30 élèves maximum. Le plafond est passé à 40 élèves. Cela pèse sur la qualité, et mine le moral.»
Le sentiment d'une perte de prestige accable les enseignants. Fin 2012, le ministre Wert jugeait les «plaintes professorales exagérées», laissant même entendre que leur bon