Bruno Fritel est conseiller d’insertion et de probation au centre de détention de Nantes et adhérent CGT. Il commente le malaise dans sa profession.
«Avant l’affaire Pornic, un principe de réalité s’était imposé : la direction du service préférait suivre de manière plus approfondie les personnes qui semblaient en avoir le plus besoin pour se réinsérer. Un filtre avait été mis en place : en fonction de l’évaluation de la personnalité et du comportement du condamné, de l’infraction, de la récidive, on estimait si son suivi était urgent ou non. Dans ce second cas, le dossier n’était alors pas attribué : ce qui a été fait pour celui de Tony Meilhon. Ce n’était en rien un placard caché. Nantes avait informé la hiérarchie et les magistrats concernés de cette organisation, personne n’y a trouvé à redire… Jusqu’à ce que Laetitia Perrais soit tuée.
«La pression qui est mise sur nous depuis le drame de Pornic nous insécurise. Surtout que ça fait des années qu’on alerte : on est débordés par le nombre croissant de personnes suivies et les nouvelles procédures, chronophages. Il ne doit plus y avoir de dossier en souffrance, donc tous sont attribués à un conseiller. Mais on n’a toujours pas de moyens suffisants, donc en pratique, on risque de mal suivre tout le monde…
«Les collègues savent qu’on leur demandera s’ils ont bien reçu le condamné, aux bonnes dates. Qu’ils le reçoivent 5 minutes pour lui demander sa fiche de paie - preuve qu’il a bien un travail - ou une demi-heure pour comprendr