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Analyse

Beaucoup de peur pour rien

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Le français menacé par l’anglais jusque dans son usage quotidien ? Pas si simple…
Anglais dans la France (Libération avec Tagul)
publié le 20 mai 2013 à 22h16

Ah mais fuck de morbleu, va-t-on finir par ne plus speaker qu'en english ? C'est à n'en pas douter un fichu flip, voire l'un des sujets préférés de clash, dès que le moindre petit projet de réforme laisse supposer que Shakespeare pourrait faire un peu plus la nique à Molière. Et ce, depuis des lustres. Bien avant que nous n'ingurgitions une somme de termes informatiques aussi gouleyants que bug, sans parler de leurs homologues du marketing qui nous imposent désormais de booster les ventes asap (as soon as possible) avant d'en faire un reporting circonstancié. Sérieusement, la France et ses insignes défenseurs de la grandeur de sa langue ne s'était pas encore mise au jogging, que déjà on pestait contre l'invasion anglaise, en hurlant au franglais, mot attribué au grammairien Max Rat qui serait pour la première fois apparu dans les colonnes de France-Soir en 1959… Tant de frilosité est-elle nonobstant justifiée ?

Dans le camp de la frousse, il y a certes des arguments. Il faut d’abord rappeler que le français a mis du temps à s’imposer dans notre propre pays. Avant Jules Ferry, avant la Grande Guerre qui brassa les Français dans ses régiments, avant l’exode rural, on causait surtout en langues régionales (une bonne quinzaine dans l’Hexagone). Force est, ensuite, de constater que si l’on dénombre, mine de rien, 220 millions de locuteurs de notre langue, le français n’est que la hui