Peut-on aimer Proust, en débattre doctement à cinq autour d’une table et étudier dans une langue autre que le français ? En instillant le doute, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso, qui voulait convaincre de l’urgence d’autoriser des cours en anglais à la fac, a produit le résultat inverse. Elle a relancé une vieille polémique où se mêlent les défenseurs d’une identité nationale menacée par l’anglais, et des voix pragmatiques craignant qu’une expansion mal maîtrisée débouche sur une vision anglo-saxonne du monde.
Tout a commencé le 20 mars. La ministre détaille devant la presse son projet de loi sur le supérieur qui sera débattu à l'Assemblée nationale à partir de demain. Réforme de la licence, meilleure orientation des bacheliers pros et technos, simplification des masters… et cours en anglais. «L'Inde compte 60 millions d'informaticiens et ne nous envoie que 3 000 étudiants, explique-t-elle. Il faut multiplier les partenariats et, pour cela, proposer des cours en anglais. Sinon, nous resterons à cinq spécialistes de Proust autour d'une table.» Elle précise ensuite : «J'aime Proust. Mais parfois la meilleure arme de la francophonie et de notre rayonnement est l'anglais.»
«Marginalisation». Pour Geneviève Fioraso, la France a pris du retard dans la compétition pour former les élites mondiales. Avec 13% d'étudiants étrangers, elle s'est fait rafler la quatrième place par l