Suivant la législation française, le doctorat, commencé après un master, dure trois ans et se conclut par la soutenance d’une thèse en français. En théorie, du moins : en lettres et sciences humaines, la durée est si souvent dépassée qu’une thèse en trois ans paraît extraordinaire, sinon suspecte. En sciences, en revanche, si la durée est mieux respectée, de nombreuses thèses sont écrites en anglais, soit que le doctorant maîtrise insuffisamment la langue française, soit qu’il souhaite avoir une audience internationale bien plus large que s’il s’exprimait en français.
L'anglais est, de fait, la lingua franca des sciences et techniques, comme l'a été le latin par le passé. C'est parce que nos collègues coréens, japonais, italiens, allemands, espagnols, hongrois, etc. écrivent leurs articles scientifiques en anglais que nous, scientifiques français, pouvons les lire : un chercheur dont le métier serait, par exemple, les mathématiques, ne pourrait se permettre d'apprendre toutes ces langues. Cet anglais est, certes, limité - ce n'est ni la langue de Shakespeare ni celle de Nabokov ; mais, si ces articles, ces monographies et ces thèses étaient écrits en français, ils ne seraient ni dans la langue de Montaigne ni dans celle de Proust.
Le langage scientifique se veut précis et univoque, son vocabulaire est codifié : il s’agit de transmettre des faits, des concepts, des idées, des démonstrations, sans se préoccuper de style. Il porte sur des phénomènes indépendants des cult