On entend mal. Des beuglements. Non, une sorte de litanie inquiétante. Le président de la cour d'assises de Nantes (Loire-Atlantique) fait arrêter l'enregistrement, inaudible. Lit la transcription qui a été faite de la chanson de Tony Meilhon. Celle qu'il a hurlée d'une cellule, quelques jours après le meurtre de Laetitia Perrais, pour lequel il comparaît depuis une semaine. Tony Meilhon chante, alors qu'on cherche encore le corps démembré de la jeune fille. Les gendarmes l'ont enregistré. «Vous ne le saurez jamais, vous ne la retrouverez pas, ah quel dommage, et ses parents ne le sauront pas, oh Laetitia, la gendarmerie n'a rien pu faire pour toi, en tout cas je me suis pas ennuyé, oh la la…» C'est glaçant et manipulateur, l'exacte bande-son de l'attitude de Tony Meilhon ces deux derniers jours de procès, consacrés à l'examen des faits. Difficile : version après version, reculades après haussements d'épaule, l'accusé fuit, évite, balade. Il a changé le lieu du crime, fait apparaître un «monsieur X» qui aurait démembré le corps de Laetitia, «par amitié» pour Meilhon. Il dit qu'il aurait renversé le scooter de Laetitia par accident et poignardé la jeune fille, qu'il pensait morte, pour faire croire à un meurtre. «Vous êtes en train de nous dire que vous avez commis un meurtre sans vous en rendre compte», a calmement suggéré Florence Lecoq, l'avocate générale. «Oui», a dit Tony Meilhon.
Devant les jurés, il y a les histoires de Meilh