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Libération

«Un monsieur très gentil»

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Dans les archives de «Libé», il y a vingt ans. Accusé de crimes contre l’humanité, René Bousquet est assassiné à son domicile parisien. Christian Didier, le meurtrier présumé, est arrêté peu après. Les voisins de l’ancien chef de la police de Vichy témoignent.
publié le 31 mai 2013 à 20h16

Rarement une enquête aura été menée si rondement. Quelques heures à peine après avoir logé quatre balles dans sa victime, Christian Didier, le meurtrier présumé de René Bousquet, était arrêté dans un minable hôtel de l'est parisien par des policiers du SDPJ 93. Conduit à la Brigade criminelle, quai des Orfèvres, il y était formellement identifié par la concierge et le domestique de l'ancien secrétaire général de la police de Vichy. Tâche relativement aisée puisque le coupable s'était autodésigné : en fin de matinée, apparemment déjà décidé à se rendre, il avait téléphoné à plusieurs journalistes, dont ceux de Libération. Il revendiquait rapidement l'assassinat de Bousquet et invitait ses interlocuteurs à le rejoindre à midi à une station de métro sur la commune des Lilas, en Seine-Saint-Denis.

Vers 13 heures, plusieurs inspecteurs interrompaient en douceur son étrange conférence de presse. Pendant la petite heure qu'elle a duré, ce quinquagénaire né à Saint-Dié, dans les Vosges, a eu le temps de raconter en détail son expédition sanglante au domicile de René Bousquet, 150 m2 au sixième étage d'un bel immeuble moderne du 34 de l'avenue Raphaël, à Paris. On ne sait encore s'il avait repéré les lieux à l'avance. Ceux-ci permettent une discrète surveillance du voisinage, en offrant un abri sous les belles rangées de platanes, ou dans le square verdoyant où René Bousquet promenait tous les soirs son berger allemand dénommé Uta.

D’après plusieurs témoins, l’ancie