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Libération
Reportage

«60 euros, c’est beaucoup quand on vit dehors»

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A Bordeaux, une association propose à des jeunes en situation d’extrême précarité des boulots à la journée, payés immédiatement et sans obligation de durée.
publié le 4 juin 2013 à 21h06
(mis à jour le 5 juin 2013 à 12h05)

Il y a quelques années, Laeti et Vince avaient un rêve. Ils voulaient voir «le Sud». Alors un matin, ce jeune couple originaire du Morbihan, est monté dans le train. Ils se sont laissés porter, et c'est tombé sur Bordeaux. A peine majeurs, ils désiraient «commencer une nouvelle vie», déchargés de durs conflits avec leurs parents. Elle, petite blonde chétive aux billes grand bleu ; lui, brun longiligne au visage tailladé, font connaissance avec l'univers de la rue. Comme tout milieu, la rue a ses codes et ses allégeances qu'il ne faut pas transgresser. Plusieurs jours durant, Laeti et Vince dorment dehors. Mais ils sont «heureux». Ce qu'ils ont fui, disent-ils, «est bien pire que la confrontation quotidienne avec la précarité, le froid, et parfois la violence».

Pour eux, la première urgence fut évidemment de trouver un toit. Les squats étant régis par ceux qui les ouvrent, Laeti et Vince ont dû respecter une sorte «de droit d'aînesse». Lorsque leur tour est venu, ils se sont installés dans une petite bâtisse appartenant à la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB). Ils y vivent désormais avec leurs trois chiens, dont l'un, Destroy, leur cause pas mal de cheveux blancs pour sa propension à déchiqueter leurs affaires. Chaque jour, survivre est un jeu qui peut leur coûter cher. L'absence de nourriture, la fatigue et la saleté font qu'ils tombent régulièrement malades. L'idéal serait d'avoir toujours un peu d'argent dans les poches, ne ser