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Alcoolisme : le baclofène sort de la clandestinité

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Les défenseurs de l'utilisation de cette molécule pour le traitement de l'alcoolo-dépendance se réjouissent de l'annonce de son autorisation provisoire.
Le baclofène est prescrit depuis quarante ans comme décontractant musculaire. (Photo Damien Meyer. AFP)
publié le 4 juin 2013 à 11h46

«Une date historique dans la lutte contre l'alcoolisme» : c'est ainsi que le professeur Bernard Granger caractérise l'annonce de l'agence du médicament (ANSM), lundi matin sur la place du baclofène dans la lutte contre l'alcoolisme. Le médicament, actuellement en cours de test pour traiter l'alcoolo-dépendance, devrait se voir accorder d'ici à la fin du mois une recommandation temporaire d'utilisation (RTU), a annoncé le patron de l'agence lors d'un colloque parisien. Autrement dit, l'ANSM autorise temporairement – trois ans – la prescription du baclofène aux patients alcooliques, avant même que le produit ne reçoive son autorisation de mise sur le marché (AMM).

Fin des prescriptions en cachette

Voilà près de cinq ans que Bernard Granger, responsable de l’unité de psychiatrie de l’hôpital Tarnier (AP-HP) attendait cette reconnaissance dont il est l’un des promoteurs. Plus précisément depuis la parution du livre Le dernier verre d’Olivier Ameisen, cardiologue devenu alcoolique, qui y racontait comment la molécule, initialement prescrite comme relaxant musculaire, avait supprimé son envie de boire.  

A lire aussiLe portrait d'Olivier Ameisen paru en janvier 2012

Dès lors, nombre de médecins généralistes, se sont mis à prescrire, en toute discrétion et à leurs risques et périls, le médicament pour le sevrage alcoolique de leurs patients, sans que ce dernier ne bénéficie d’une AMM pour cette pathologie. Sur le million et demi d’alcoolo-dépendants que compte la France, quelque 50 000 buveurs se seraient déjà fait prescrire du baclofène, un chiffre en augmentation de 29 % pour la seule année 2012 selon la Caisse nationale d’assurance maladie. Des prescriptions hors de tout contrôle, alors même que l’efficacité du médicament, et ses effets secondaires, n’ont encore fait l’objet d’aucune validation par les autorités sanitaires. 

En mars 2012, une étude parue dans la revue Alcohol and Alcoholism évoquait un taux de succès (arrêt total de la boisson) de 58 %. Deux véritables essais cliniques sont en cours pour vérifier l'efficacité du baclofène à dose élevée ; leurs résultats ne seront connus qu'à la fin de l'année 2014. «Ce n'est pas la pilule miracle mais c'est un médicament qui semble efficace», précise le professeur Michel Reynaud (Hôpital Paul-Brousse, Villejui