Yves Bertrand, 69 ans, indéboulonnable patron des Renseignements généraux de 1992 à 2004, a cassé sa pipe lundi chez lui à Paris, tout seul avec son chat. Sans ses 23 cahiers à spirale consignant rumeurs et ragots sur la Ve République qui firent scandale en 2008 et que la justice ne lui a jamais restitués. De toute sa carrière, sulfureuse, seule sa mort ne paraît «pas suspecte» mais «naturelle» : «Décès par arrêt cardiaque, pas d'obstacle médico-légal», indique un magistrat. Regard ombrageux sous des sourcils broussailleux, «Tonton», comme l'appelait son ex-adjoint Bernard Squarcini, a su se rendre utile auprès de sept ministres de l'Intérieur successifs, dont Pierre Joxe et Charles Pasqua, en les alimentant en «notes blanches» anonymes pas toujours vérifiées. Il savait aussi se rallier les journalistes, en extirpant ses notes secrètes du coffre-fort bleu layette de son bureau pour les leur donner avec ses airs de conspirateur. Bonnes infos ou tuyaux percés, cela dépendait.
«Pilonner». Prétendu «démineur de la République», Yves Bertrand a surtout colporté des indiscrétions et des ragots comme le prouvent ses carnets remplis de 1998 à 2003, saisis en janvier 2008 par les juges de l'affaire Clearstream, puis distribués en octobre aux avocats du procès de l'Angolagate. Multipliant les interviews pour déminer leur divulgation, Yves Bertrand prétend alors «noter les rumeurs pour protéger ceux