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Libération
Portrait

Itinéraire d’un monstre autoproclamé

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Enfant rejeté, SDF… L’idée de «revanche» l’obsédait.
publié le 5 juin 2013 à 22h26

Voilà bientôt deux semaines qu'ils attendent dans le vent, sous la pluie. Des hommes, des femmes, debout sur le trottoir, se hissant sur la pointe des pieds, se poussant dans l'espoir d'apercevoir, au travers des vitres teintées d'un fourgon, le visage de Tony Meilhon. Glaçant, volontiers provocateur, l'homme a incarné, tout au long de son procès, comme il le dit lui-même, «le monstre». Et la fascination qui va avec.

Cette «peur» qu'il inspire consciemment, délibérément, Tony Meilhon a fini par en faire le champ où il se sent le plus à l'aise, après avoir été, quêtant en vain l'attention, l'enfant rejeté, l'écolier rebelle, le braqueur roué. «C'est comme un chien, dit-il. S'il aboie pas, on fait pas attention. S'il aboie, c'est autre chose.»

«Paliers». Mais Tony Meilhon, s'il entendait les conversations du trottoir, serait peut-être déçu. Ce n'est pas sa personne qui intéresse, c'est son acte. «Comment peut-on découper une jeune fille en morceaux ?» est l'antienne dont on se repaît. L'expert psychiatre Roland Coutanceau est l'un des rares à avoir tenté d'y répondre. Non, Meilhon n'est pas un homme qui a découpé une jeune femme en morceaux, a-t-il expliqué en substance, car un homme ne peut «être» cela. Lui-même, d'ailleurs, ne peut soutenir de se voir ainsi, et invoque un mystérieux complice, «Monsieur X», qui aurait assumé la part la plus atroce du crime. Si Tony Meilhon a fin