Tony Meilhon aura été exaucé au-delà de ses vœux. Le meurtrier de Laëtitia Perrais avait réclamé aux jurés la perpétuité. Grandiloquente tentative de garder les débats à sa main, d’en paraître maître. Hier, il a eu bien plus. A la réclusion à vie, la cour d’assises de Loire-Atlantique a ajouté une période de sûreté de vingt-deux ans, en deçà desquels il ne peut bénéficier d’aucune remise de peine. Décision plus sévère encore, rare, ubuesque quand elle s’applique à une perpétuité : la cour a ordonné une mesure de rétention de sûreté. C’est-à-dire la possibilité de maintenir en prison Tony Meilhon même après la fin de sa peine, s’il présente toujours des risques de récidive. La prison au-delà de la perpétuité. La prison infinie. Peine hors norme pour un procès hors norme.
Contrôle. Les audiences ont duré près de trois semaines, ce qui est rare, même pour un fait divers sordide comme celui de Pornic. Il s'agissait de répondre, deux ans plus tard, aux attaques de Nicolas Sarkozy contre des juges «laxistes», coupables de n'avoir pas surveillé Tony Meilhon, récidiviste sous contrôle judiciaire. Il fallait aussi, explique aujourd'hui un enquêteur, prendre le temps d'entendre assez de témoins et fermer toutes les pistes : «On se doutait bien qu'il allait nous inventer un nouveau complice.» Mais qu'aura-t-il dit, ce procès hors norme ? Meilhon, lui, a beaucoup parlé, mais peu dit. Il a voulu «rester maître du récit du crime»,