Il est toujours plaisant de constater au rayon civilisation (terre de paradoxes), qu'à quelques kilomètres de distance (ceux qui séparent un trottoir d'un bord de mer), ce qui est considéré comme obscène, provocant, scandaleux, ne l'est plus. Pour dire que cette jeune femme qui a enlevé le haut dans une rue du V^e arrondissement de Paris passerait totalement inaperçue à Paris Plages. La seule chose qui pourrait intriguer sur une plage, c'est qu'elle ne soit pas en string, c'est-à-dire quasiment nue. Cela dit, pour le plaisir des yeux et des sens, on préfère que ce soit cette jeune femme qui montre ses seins, plutôt que le monsieur d'un certain âge qui a l'air de vouloir faire sa connaissance sur un mode acrobatique.

Il y a en effet quelque chose des arts de la rue dans cette image qui, le 3 avril, a fixé leur rencontre. Une performance, du mime, une allégorie ? Pas vraiment. La fille est une activiste du mouvement ukrainien Femen, et si elle s'est mise torse nu, c'est pour pester devant la Grande Mosquée de Paris contre l'islamisme, grand ami des femmes (surtout voilées). D'où le tissu noir dont la protestataire s'est enturbanné le visage, et surtout le slogan dessiné sur son buste : Fuck your moralists. Ce qui fait qu'ainsi tatouée, la jeune femme n'est pas plus torse nu que n'importe quelle gamine surmoulée dans un tee-shirt imprimé. Mais cela a énervé un homme qui n'a pas dû supporter d'être fucké. Et qui, n'écoutant que son immense courage, est en train