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grand angle

L’orientation, au carrefour des angoisses

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Les élèves ne savent plus s’ils peuvent rêver d’un avenir. Les parents craignent pour les débouchés. Alors que grimpe le chômage des jeunes, les conseillers d’orientation sont sur tous les fronts. Des «copsys» parlent de leur métier, en pleine mutation.
L'Education nationale compte 4 800 conseillers d’orientation-psychologues. (Photo Yuya Shino. Reuters)
publié le 11 juin 2013 à 19h06
(mis à jour le 12 juin 2013 à 11h27)

Dans quelques jours, Pierre, en seconde au lycée Maurice-Ravel, à Paris, va devoir choisir : demander une première ES ou S. Sur son bulletin du deuxième trimestre, les deux voies lui sont ouvertes. Avant de trancher, il a pris rendez-vous avec la conseillère d'orientation de l'établissement. «Je préfère ES. Mais ma mère me dit que si je peux, S c'est mieux, parce que ça ouvre toutes les portes.» - «Il faut voir si tu veux faire médecine, une carrière scientifique ou devenir ingénieur, répond la conseillère Gisèle Lévy. Qu'est-ce qui t'intéresse ?» «L'économie et le commerce. Et puis en première S, tout le monde dit que c'est très difficile. J'ai peur de galérer. A quoi bon me mettre la pression ?» - «Tu as le niveau pour les deux», commente la conseillère en parcourant ses bulletins sur son ordinateur. «Ce que je veux, c'est une mention au bac. Il paraît que ça peut faire la différence. C'est important, c'est un choix stratégique. En ES, je pourrai en avoir une, mais pas en S.» Pierre, qui prend son orientation très au sérieux, pose encore quelques questions sur les débouchés de la filière ES. Puis il repart, l'air serein : «Ma mère m'a dit qu'elle me soutiendrait dans mon choix.»

«Cet élève avait déjà pratiquement décidé, commente Gisèle Lévy, il venait surtout pour confirmer son choix.» Le cas de Kevin, qui s'est présenté juste avant, était plus délicat. Après avoir déjà redoublé sa troisième,