C'est lundi, c'est philosophie. Autrement dit, aujourd'hui c'est chaud, y a bachot. Comme tous les ans depuis 1808. «Ils partirent 664 709 candidats, 338 186 aspirants au bac général, 183 688 au bac pro, 142 835 au bac techno. Et ils arriveront…» Si du temps de Corneille le bac n'existait pas, une chose est sûre: au terme d'une semaine d'épreuves écrites, les lauréats seront fort nombreux.
Chaque année la tenue du bac suscite pourtant un débat sur sa suppression. Rite de passage ou bourrage de crâne ? Vecteur de démocratisation ou reproducteur d'inégalités sociales ? Libération a fait plancher des experts sur ces questions (lire ci dessous et ci-contre). Sans esquiver celle de l'utilité même de ce monument national.
«Le bac prépare plus aux classes prépas qu'aux études supérieures. Il ne prépare pas à l'autonomie, n'apprend pas à apprendre, à pratiquer le travail en groupe si utile par la suite. Il faudrait transformer une part de cet examen en contrôle continu», avance le philosophe Sylvain Reboul. Oui, mais «c'est le bal des hypocrites ! rappelle le sociologue Michel Fize. Tous les gouvernementsont tourné autour du contrôle continu depuis trente ans. Or le bac résiste. C'est un anachronisme. Il n'y en a pas en Belgique. Et en Allemagne, pour l'Abitur, il y a 70% de contrôle continu».
Pour cet expert, c'est clair : «Supprimer le bac obligerait à penser l'école de demain, puisque tout le secondaire est axé vers lui.»