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Libération
EDITORIAL

Ingérable

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publié le 17 juin 2013 à 22h12

C'était au début de ce siècle. Au sortir d'une minutieuse visite des prisons françaises, une commission d'enquête parlementaire, mélange de sénateurs et députés peu suspects de laxisme, concluait : «C'est une humiliation pour la République.» Une dizaine d'années plus tard, comme si les pouvoirs publics successifs s'étaient habitués à cette humiliation, l'indignité dans laquelle un nombre toujours croissant de personnes sont détenues est encore plus honteuse. Le triste record qu'évoque aujourd'hui Libération en atteste. Et, s'il souligne l'échec de la politique sécuritaire vantée par les gouvernements de droite et notamment Nicolas Sarkozy, il fait surtout craindre une explosion de lieux devenus désormais ingérables.

Face à cette réalité que nul ne peut ignorer, François Hollande a pris un engagement. Celui de rompre avec le passé et d’engager une véritable réforme pénale. Mais la promesse de campagne semble aujourd’hui oubliée, comme si la gauche était une nouvelle fois tétanisée par la question sécuritaire, comme si le chef de l’Etat hésitait entre la prétendue politique laxiste de Christiane Taubira et celle de fermeté prônée par Manuel Valls, son ministre le plus populaire. Le courage impose pourtant au gouvernement d’agir sans se préoccuper des deux lignes. Sans se soucier des cris d’orfraie d’une droite qui reste la première responsable de la situation actuelle. Abolir les peines planchers, en finir avec le «tout prison», proposer des peines de substitu