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Libération
Récit

«Soit on m’écrase, soit on me donne ma chance»

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Francis Dorffer est jugé pour avoir pris en otage en prison un psychiatre et un surveillant. Ce détenu demande en vain son transfert près de sa famille.
publié le 18 juin 2013 à 22h26
(mis à jour le 19 juin 2013 à 11h20)

Ils parlent chacun leur tour, de la même voix calme, presque douce. Ils ont passé cinq heures et demie ensemble, enfermés dans une pièce de 7m², le premier menaçant le second d’une pique en bois acérée. C’était il y a trois ans, dans une salle de la maison d’arrêt de la Santé, à Paris. Ils ne se sont pas revus depuis.

Cyrille Canetti, 49 ans, chef du service médico-psychologique de la prison, s'exprime en premier. A la barre de la cour d'assises de Paris, il raconte comment, le 7 avril 2010, à l'issue de l'un de leurs entretiens réguliers, le détenu Francis Dorffer lui a annoncé qu'il le prenait en otage. «C'est un moment d'effroi. On bascule. Mais cet effondrement est assez vite passé. Ensuite, je n'ai plus eu peur. Monsieur Dorffer m'a dit : "D'ici deux heures, les négociateurs seront là, votre famille sera informée d'ici trois heures, et à 20 heures, vous serez chez vous." Il m'a répété qu'il ne m'arriverait rien. Je l'ai cru. Je le connaissais.» Cyrille Canetti voit le front de l'avocate générale, Maryvonne Caillibotte, se plisser. Il assiste aux débats depuis le début, lundi, du procès. Il a pu constater que la magistrate trace une frontière nette entre victimes et coupables. Et que Francis Dorffer ne peut appartenir, pour elle, qu'à la seconde catégorie.

Alors il anticipe. Non, il n'est pas victime du «syndrome de Stockholm» selon lequel certains captifs épousent la cause de leurs geôliers. Oui, il a subi des «répercussions» de l'épisode, comme