Le bac n'est pour eux ni une formalité ni un passage obligé générationnel. Dans leurs familles, ils sont la première génération à le passer. Autour d'eux, beaucoup de leurs amis ne l'ont pas. Yassine, Imane, Mathieu et Fairouze sont en terminale au lycée Alfred-Nobel de Clichy-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis. Ils ont grandi dans des quartiers où 70% de ceux que l'on appelle les jeunes adultes (18-29 ans) n'ont pas le niveau bac. Où le taux de chômage de ces mêmes jeunes dépasse les 40%. «Pour les Parisiens, c'est normal. Pour nous, le bac, c'est un symbole, une fierté. On mise plus sur notre réussite qu'eux», décrypte Imane, en terminale techno STG CGRH (communication et gestion ressources humaines). Elle ajoute : «Ça se ressent même chez les profs. Ici, ils ne nous parlent pas de compétition, mais on voit qu'ils se battent pour nous.» La jeune fille a remarqué cette différence lors de son passage en seconde dans un internat d'excellence : «J'ai pu côtoyer des enfants de la haute. Ils ne se posent pas la question d'arrêter l'école, alors qu'ici j'ai pas mal de copines qui ont arrêté.»
Pression. Mathieu, élève de terminale ES, pense qu'on peut aussi bien réussir à Clichy qu'à Neuilly, mais qu'il faut «avoir de l'ambition». Lui en a, il veut faire Sciences-Po. Et a passé les entretiens pour intégrer l'école de la rue Saint-Guillaume via la convention d'éducation prioritaire qu'a signée le lycée Alfred-Nob