A l’heure où 23 % des jeunes sont en situation de pauvreté, où près de 20 % d’entre eux sont au chômage, où l’âge du premier CDI est autour de 27 ans, et que les inégalités entre jeunes se creusent, le gouvernement s’apprête à officialiser la disparition du seul établissement public spécialisé sur ces questions, l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep). La réaffectation d’une partie de son personnel dans un service «études» interne au ministère en charge de la Jeunesse signe la fermeture de cette institution historique. Cette décision marque la fin d’une autonomie de fonctionnement, de choix d’objets de recherche et de publications pour un établissement pourtant reconnu comme acteur et ressource en matière de compréhension de la jeunesse depuis soixante ans.
L'Injep est un lieu unique, tant pour le monde de la recherche, pour l'administration, pour les professionnels de jeunesse que pour les acteurs associatifs : ni laboratoire CNRS ni département universitaire, l'établissement entretient en effet une relation de proximité avec le monde académique tout en multipliant les articulations et les passerelles avec celui de l'action et de la décision publiques. Grâce à une gouvernance partagée, l'Injep opère à l'interface de ces milieux : il facilite les échanges, les rencontres, la confrontation des questionnements et le transfert des compétences et des connaissances d'un monde vers l'autre. Il met en œuvre ce que les institutions européennes en charge