Marion était une élève transparente : «Je détestais l'école, j'avais l'impression de ne pas y avoir de place. Aucune réussite, un calvaire. Invisible pour les profs, même en sport où j'avais des capacités.» Elle finit par ne plus aller en cours. Mehdi, lui, était un «perturbateur». Au collège, il enchaîne les exclusions. Puis se retrouve en pro, rate deux fois son BEP. Marion et Mehdi ont aujourd'hui respectivement le bac STG (sciences et technologie de gestion) et ES (économique et social) après avoir repris leurs études dans un microlycée pour décrocheurs.
Nathalie Broux et Eric de Saint-Denis relatent ces tranches de vie dans le livre qu’ils ont cosigné sur le sujet. Agrégée de lettres modernes, la première est la coordinatrice du microlycée de la Courneuve (Seine-Saint-Denis). Agrégé d’histoire-géo, le second fut à l’origine du premier microlycée créé en 2000 à Sénart (Seine-et-Marne). Tous deux partagent la même passion : faire réussir des élèves que l’école a abandonnés au bord de la route, les reléguant sur des voies de garage ou les laissant sans solution, convaincus d’être nuls. La question des décrocheurs - ces 140 000 jeunes qui quittent chaque année le système scolaire sans diplôme - est l’une des priorités du gouvernement. François Hollande a promis d’en diviser le nombre par deux d’ici 2017.
Les microlycées sont aujourd’hui présentés comme une solution. Ces petites structures publiques, à la pédagogie innovante, ne s’adressent toutefois qu’à une